Discours du 1er mai: "Le PS s'apprête à un long combat", pour Magnette, "Les Socialistes dérangent", pour Di Rupo (vidéos)
Belga
Place aux traditionnels discours du 1er mai. Paul Magnette s'est exprimé dans l'auditoire de l'Université du travail de Charleroi. Jean-Claude Marcourt se trouvait, quant à lui, Parc d'Avroy à Liège. Et Elio Di Rupo a pris la parole à Baudour.

PAUL MAGNETTE
Le socialisme aura besoin de deux, trois, voire quatre 1er mai pour recréer une forte majorité sociale qui se traduira peut-être en une majorité politique, a prévenu vendredi le ministre-président wallon Paul Magnette (PS), à l'occasion de son discours de Fête du travail à Charleroi.
«C'est un long et difficile combat, il nous faudra beaucoup de patience et de persévérance» pour «réexpliquer à l'opinion la force et la grandeur des valeurs socialistes», a-t-il souligné, appelant à ne pas mener «un 1er mai de rancoeur et de regrets stériles».
Au pouvoir dans les gouvernements fédérés mais rejeté dans l'opposition au fédéral, le PS n'a «pas perdu les élections, on nous a mis dehors», a-t-il jugé, estimant que la seule chose qui unit un gouvernement fédéral «chamailleur, c'est le rejet du PS».
Paul Magnette a appelé les militants à reprendre, à travers le «chantier des idées» que le PS ouvre, certains combats du socialisme comme la réduction du temps de travail, les interruptions de carrière pour permettre l'émancipation ou les soins aux proches, etc, mais aussi «nous interroger sur ce que l'on a peut-être fait de moins bien».
Appelant à la lucidité et la pédagogie pour lutter contre les «fausses évidences assénées depuis des années par la droite», face à une «gauche européenne en crise», il a demandé aux militants de ne pas recourir aux slogans faciles, aux raccourcis et aux «y a qu'à».
Et alors que le PTB se profile à ses yeux dans le «populisme», l'opposition socialiste associant l'action commune doit selon lui être digne, pour «décortiquer les injustices» de la majorité fédérale et proposer des alternatives.
«Alors demain, les matins chanteront», a-t-il lancé, avant d'entamer, dans l'auditoire de l'Université du travail, une Internationale poing levé entouré de quelques centaines de militants.
ELIO DI RUPO
«Nous le voyons, nous l'entendons chaque jour : les socialistes dérangent énormément la droite et le monde de l'argent ». Elio Di Rupo a tenu vendredi un discours de résistance aux mesures imposées par le gouvernement de droite aux travailleurs et allocataires du pays.«Il n'a pas fallu six mois sans les socialistes au gouvernement fédéral pour que toutes les digues se rompent», a observé Elio Di Rupo évoquant les atteintes à l'indexation des salaires et les réformes des pensions qui affaibliront selon lui le pouvoir d'achat des citoyens.
C'est le «modèle social» construit notamment par le parti socialiste qui est la cible du gouvernement «MR-N-VA», a-t-il averti.
Le président du PS a admis que les entités fédérées étaient également soumises à la rigueur depuis la crise financière mais contrairement à l'austérité fédérale, les Régions et la Fédération Wallonie-Bruxelles veillent au redéploiement économique et assurent la couverture des services tels que les maisons de repos et les crèches, l'enseignement et la formation.
Critiqué par la droite pour avoir participé à l'agitation syndicale dans la rue mais aussi par d'autres partis de gauche pour avoir renoncé à certains combats, Elio Di Rupo a appelé vendredi les socialistes à être «plus que jamais les relais des citoyens» et assuré que son parti soutenait «naturellement les mouvements sociaux».
Ce discours de résistance au parc communal de Baudour, dans le fief montois du président, s'est conclu par le «Bella Ciao», le chant des partisans italiens.
JEAN-CLAUDE MARCOURT
Le PS liégeois a placé ce vendredi le 1er mai sous le signe de la résistance face à la droite et au gouvernement fédéral. Le vice-président du gouvernement wallon, Jean-Claude Marcourt, a appelé les socialistes à se ressaisir. «Notre parti doit se reprendre, se ressaisir. Nous payons aujourd'hui l'excès de loyauté pendant de longues années envers ceux qui n'en ont eu aucune à notre égard», a-t-il lancé devant les militants réunis dans le Parc d'Avroy.
Selon lui, pour réaliser le «changement de régime» auquel ils aspirent, les partis de droite ont un ennemi: le PS. «La droite a une obsession: il faut abattre le PS par tous les moyens», a affirmé M. Marcourt. Et d'ajouter, en visant également à l'extrême gauche le PTB: «Ils participent tous à ce qu'on appellerait aujourd'hui le PS bashing, ce sport à la mode qui voudrait que nous soyons responsables de tout, même des décisions de l'actuel gouvernement».
Comme chaque année, le 1er mai était fêté à Liège dans le cadre de l'Action commune. Les responsables du parti, du syndicat et des mutualités ont pris la parole ensemble. Le président de la FGTB liégeoise a appelé les militants à s'unir pour créer le rapport de force le plus puissant possible face au gouvernement fédéral.
«Nous devons créer le plus largement possible des rapports de forces. On ne pourra pas continuer à espérer améliorer nos acquis si nous ne résistons pas ensemble», a-t-il dit.
LAURETTE ONKELINX
La présidente de la Fédération bruxelloise du PS Laurette Onkelinx a invité ce vendredi les militants socialistes à descendre sur le terrain pour y démonter «les mensonges de la droite». «Plutôt que de parler du fond, à savoir le partage des richesses, les partis de droite nous attaquent sur la forme. La droite nous déteste parce que nous incarnons la lutte pour obtenir la part de bien être et de la richesse nationale que le marché seul ne donnera jamais aux travailleurs», a notamment dit Mme Onkelinx.
Sans jamais citer de nom, la présidente du PS bruxellois a évoqué les «mensonges» de la droite lorsqu'elle dit vouloir défendre le travail car «être pour le travail, et contre le salaire n'a pas de sens» ou vouloir améliorer le système fiscal en préservant les grandes fortunes.
Aux yeux de Mme Onkelinx, la droite ment aussi en disant que le projet d'accord de libre échange transatlantique va augmenter le revenu des ménages européens. Le PS demande la suspension des négociations car «la philosophie même du traité en préparation est celle qui a provoqué les grandes crises économiques et mené aux politiques actuelles d'austérité».
Se félicitant de l'impact de la garantie jeunes sur les chiffres du chômage des jeunes à Bruxelles, Laurette Onkelinx a par ailleurs demandé au gouvernement bruxellois de doubler le nombre de personnes sous contrat de travail article 60 au départ des CPAS pour atteindre le cap des 10.000/an d'ici 2020.
La présidente de la fédération bruxelloise du PS n'a par ailleurs pas caché qu'elle était fâchée «du spectacle que nous, et d'autres, ont montré» dans le contexte de la commémoration du génocide arménien.
Pour galvaniser les militants venus en grand nombre à la Maison du peuple de Saint-Gilles dans leurs combats futurs, Laurette Onkelinx avait invité la ministre française de la Justice, la socialiste Christiane Taubira qui a elle aussi pris longuement la parole autour de la place de la gauche dans un monde globalisé.